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Entretien d'été

«L’AVS joue bien entendu le rôle principal»

Eliane Albisser voit de nombreux chantiers - et pour l'instant pas de fin heureuse pour la prévoyance vieillesse. Pour un peu, elle échangerait bien sa place avec Tilda Swindon dans le film de vampires « Only Lovers Left Alive ».

17.07.2025
Temps de lecture: 4 min

 

Eliane Albisser est directrice du réseau PK-Netz. Parmi les productions récentes qui l’ont particulièrement touchée figurent des films d’auteur visuellement forts et politiquement engagés comme «Black Box Diaries», «The seed of the sacred fig» ou «The outrun».

 

Si votre vie était adaptée au cinéma, qui jouerait votre rôle?

Une actrice avec du caractère comme Sandra Hüller, Naomi Watts, Kate Winslet ou Greta Gerwig. Elles ne me ressemblent pas, mais ce sont des comédiennes formidables et c’est cela qui compte. Il n’y aura pas beaucoup de scènes d’action car ma vie n’est pas si mouvementée, mais celle qui jouera mon rôle devra être capable d’exprimer des opinions claires et d’être proche des gens.

Quelle scène de film n’avez-vous jamais oubliée?

(Rire) A l’âge de 13 ans, j’ai vu «Titanic» deux fois au cinéma et de nombreuses scènes sont restées inoubliables.

Quel personnage de film aimeriez-vous être pendant une journée, et pourquoi?

Spontanément, je pense à Uma Thurman dans «Kill Bill» ou Tilda Swindon dans le film de vampires «Only Lovers Left Alive». Dans la vraie vie, je ne ferais pas de mal à une mouche. Ce serait intéressant de m’immerger dans un monde complètement différent pendant un bref moment.

La prévoyance professionnelle est-elle plutôt un acteur secondaire discret, ou bien le héros sous-estimé de la prévoyance vieillesse?

L’AVS joue bien entendu le rôle principal. Le 2e pilier a tout pour être le meilleur second rôle, mais il a deux visages: un visage très aimable pour les personnes à revenus élevés et disposant de bons plans de prévoyance, et un visage plus sombre pour les personnes aux revenus modestes, pour qui il coûte cher et engendre des prestations insuffisantes.

Vous avez cité «Titanic» comme une expérience cinématographique marquante. Quels sont les parallèles entre ce film et la prévoyance professionnelle, et quelles sont les différences?

Le Titanic était considéré comme insubmersible. Dans le 2e pilier, nous sommes également persuadés que tout finira toujours par s’arranger, même quand les marchés financiers s’effondrent. Un naufrage total semble impensable. Certains icebergs ont déjà été évités, puisque la prévoyance professionnelle a dû surmonter de gros écueils tels que la crise financière ou le coronavirus. Et il y a une différence certaine: avec plus de 1000 caisses de pensions, la prévoyance professionnelle représente bien plus qu’un seul paquebot géant. Enfin, même dans le pire des scénarios, le versement des prestations est assuré dans une certaine mesure par le fonds de garantie.

La prévoyance vieillesse suisse se dirige-t-elle vers un «happy end»?

Je ne vois pas de happy end, car les chantiers sont trop nombreux et trop importants. La majorité au Parlement fédéral n’aide pas à résoudre ces problèmes. Mais le rejet de la réforme de la LPP ouvre peut-être une fenêtre pour s’attaquer à certains problèmes structurels, par exemple en matière d’amélioration de l’efficacité (numérisation), d’uniformisation des bases de données ou de mesures contre la concurrence déloyale des institutions collectives et communes.

Des formats cinématographiques ou médiatiques peuvent-ils aider à mieux faire connaître la prévoyance professionnelle?

Le format est à mon avis d’importance secondaire. Ce qui est essentiel, c'est de transmettre aux jeunes des connaissances sur la prévoyance vieillesse dès le lycée et dans les écoles professionnelles. Cela leur permettra de mieux comprendre le système, ainsi que l’intérêt et l’importance sociale de la couverture collective des risques liés à la vie tels que la longévité, l’invalidité et le décès. Une discussion avec un bon enseignant peut être plus utile que des vidéos didactiques sur les réseaux sociaux, qui se limitent trop souvent à traiter de l’épargne individuelle.

Que pensez-vous des vidéos explicatives de certaines caisses de pensions?

Elles peuvent être un moyen judicieux de s’adresser à ses propres assurés. Mais si chaque caisse produit ses vidéos à grand renfort de moyens, je m’interroge sur l’efficacité de ces initiatives - c’est quand même l’argent des assurés qui est utilisé pour cela. A cet égard, il me semble que c’est plutôt à l’Office fédéral des assurances sociales de transmettre les informations essentielles de manière compréhensible.

Barbara Zimmermann-Gerster, de l’Union patronale suisse, participe également à la série d’interviews estivales. Lui recommanderiez-vous un film en particulier?

Je lui conseillerais vivement de voir «Sorry we missed you» de Ken Loach ou «L’Histoire de Souleymane» de Boris Lojkine Dans ces deux films, les protagonistes se trouvent dans des situations de travail précaires et exercent des emplois de faux indépendants pour livrer des colis ou des repas. Ces films tirent la sonnette d’alarme sur les évolutions de l’économie de plateforme et sont en même temps un plaidoyer en faveur d’un droit du travail fort.

Eliane Albisser est directrice du rĂ©seau PK-Netz et reprĂ©sentante des employĂ©s Ă  la Commission de la caisse de PUBLICA. Elle pratique la randonnĂ©e, la natation et le yoga. Le jass est Ă©galement inscrit Ă  son agenda une fois par mois. Parmi les productions rĂ©centes qui l’ont particulièrement touchĂ©e figurent des films d’auteur visuellement forts et politiquement engagĂ©s comme «Black Box Diaries», «The seed of the sacred fig» ou «The outrun».