La chronique est également publiée dans notre e-paper « Focus Prévoyance », qui s'adresse explicitement aux Institutions Collectives et Communes (ICC) et à leurs affiliés.
Toutefois, s’il y a dans votre entourage des personnes moins heureuses et touchées par la dépression, vous le remarquerez peut-être dans les contenus de vos conversations avec ces personnes. Qui se répètent. En boucle. Toujours et encore, les mêmes soucis et problèmes sont répétés. Mais répéter inlassablement ces problèmes ne sert à rien. Cela coûte de l’énergie, qui manque alors pour agir, et cette monotonie n’aboutit à aucune solution. Oui, sans blague.
Monotone est d’ailleurs tout ce qui me vient à l’esprit pour le thème de ce texte: les défis actuels pour les institutions collectives. L’environnement des taux d’intérêt, encore et toujours. De même que l’évolution démographique. La transformation numérique. Les modifications réglementaires et juridiques. La confiance et la transparence. La gestion des risques. Encore et toujours. En boucle. Vraiment?
La faiblesse persistante des taux d’intérêt place les institutions collectives devant le défi de réaliser des rendements suffisants pour tenir les promesses faites aux personnes assurées. Dans un contexte où les placements sûrs ne génèrent que de faibles rendements, les institutions sont obligées de tenir compte des classes d’actifs plus risquées, ce qui augmente les chances de gain mais aussi le risque de perte. Donc encore et toujours l’environnement des taux d’intérêt.
Notre espérance de vie augmente également. Combiné au vieillissement de la population, cela entraîne une augmentation du nombre de personnes percevant une rente tandis que le nombre de personnes actives diminue. Pour que les institutions collectives puissent fonctionner sur le long terme et de manière adaptée aux différentes générations, il faudrait donc travailler plus longtemps, épargner plus et verser moins de rentes – ce qui ne trouverait pas de majorité dans une population vieillissante. L’évolution démographique, encore et toujours.
Notre espérance de vie augmente également. Combiné au vieillissement de la population, cela entraîne une augmentation du nombre de personnes percevant une rente tandis que le nombre de personnes actives diminue.
Les institutions collectives sont en concurrence les unes avec les autres. Elles essaient toujours de gagner autant d’employeurs et d’assurés que possible. Ce n’est que comme ça qu’elles obtiennent et conservent des avantages sur le marché des placements et ce n’est qu’ainsi qu’elles pensent être en mesure de survivre. Une augmentation du nombre d’employeurs et d’assurés ne peut toutefois être gérée par les fondations collectives que si des technologies modernes apportent des gains d’efficacité et simplifient la gestion. Mais cela implique des coûts. Des coûts que les personnes assurées doivent prendre en charge. Les retraités sont – heureusement pour eux – épargnés par les coûts et la dépression. La transformation numérique, encore et toujours.
Les fondations collectives doivent régulièrement s’adapter en raison de changements dans les réglementations et la législation, également rétroactivement. Cela représente des charges importantes que les personnes assurées doivent payer. Nous savons pourquoi les retraités sont moins sujets à la dépression. Des modifications réglementaires et juridiques néanmoins récurrents.
Cela n’est pas un hasard si les réglementations et la législation sont sans cesse renforcées. Là où règne la concurrence, la pression s’intensifie, tout comme les incitations aux dérives et aux manipulations. Ce n’est pas sans raison que la confiance envers les institutions financières a été ébranlée à maintes reprises. En tant que telles, les fondations collectives doivent travailler de manière transparente et responsable pour préserver la confiance que leur accordent leurs membres et les pouvoirs publics. Là encore, il s’agit d’une disposition réglementaire. Encore et toujours la confiance et la transparence dans tous les cas.
La situation géopolitique actuelle inspire moins la confiance. Compte tenu des nombreuses incertitudes sur le plan mondial, comme les crises politiques, les pandémies et le changement climatique, les fondations collectives doivent développer constamment leur gestion des risques afin de pouvoir répondre à tous les droits aux rentes également par temps de crise. Nous avons déjà mentionné au début que les personnes de plus de 65 ans ont moins de soucis pour une bonne raison. La gestion des risques encore et toujours, toujours et encore.
L’environnement des taux, l’évolution démographique, la transformation numérique, les changements réglementaires et juridiques, la confiance et la transparence, la gestion des risques. En boucle. Encore et toujours. Sans arrêt. Une spirale sans fin qui concerne non seulement les personnes dépressives mais aussi les caisses de pension. Il s’agit de sortir de ce cercle vicieux et d’agir. Mais Albert Einstein avait probablement raison quand il disait que les problèmes ne peuvent jamais se résoudre en adoptant la manière de penser qui en est à l’origine. Mais comme ce serait une conclusion trop déprimante, nous préférons terminer par une autre citation du savant: «Seuls ceux qui pensent négativement du fond du cœur peuvent être positivement surpris».
Seuls ceux qui pensent négativement du fond du cœur peuvent être positivement surpris».
Ou pourquoi les institutions collectives devraient prendre des anti-dépresseurs