Comme souvent, il n’y a pas de bonne ou de mauvaise rĂ©ponse. C’est prĂ©cisĂ©ment pour cette raison qu’il est important (et mĂŞme nĂ©cessaire) pour un organe de direction de prendre conscience de l’objectif que doit remplir le degrĂ© de couverture communiquĂ© Ă l’extĂ©rieur. Doit-il ĂŞtre un indicateur stable, orientĂ© vers le long terme, qui permet Ă une caisse de pensions de garder le cap, ou doit-il reflĂ©ter les fluctuations Ă court terme telles que nous les connaissons du cĂ´tĂ© des Âactifs?
Le fait est que le degré de couverture technique peut être contrôlé notamment par la fixation du taux d’intérêt technique par l’organe de direction. Par conséquent, le degré de couverture technique tel que publié par la plupart des caisses de pensions est un indicateur qui ne permet pas de comparer les caisses de pensions entre elles. Et pourtant, les médias les comparent souvent comme si elles étaient identiques.
Il est également vrai que le degré de couverture économique améliore certes la comparabilité entre les caisses de pensions, mais qu’il est généralement inadapté comme indicateur de pilotage à long terme pour l’organe de direction. Ou faut-il également redéfinir chaque jour le taux de conversion? Et pourquoi une caisse de pensions qui ne compte que peu de retraités dans son effectif devrait-elle se préoccuper du degré de couverture des risques? Pour une caisse à forte charge de rentes, le degré de couverture des risques est en revanche un indicateur central.
Tout comme il n’y a pas deux degrés de couverture identiques, il n’y a pas deux caisses de pensions identiques. Il existe certes des bases légales communes, mais chaque caisse de pensions est autonome dans sa mise en œuvre.
Cela présente l’avantage de pouvoir proposer des solutions adaptées aux besoins des entreprises et des branches, mais aussi l’inconvénient que pratiquement aucune caisse de pensions ne ressemble à une autre, que ce soit en termes de taille, de forme d’organisation, d’histoire, de structure de clientèle ou de financement. Les paramètres de pilotage fixés par l’organe de direction concerné seront (forcément) tout aussi individuels.
Il est essentiel que l’organe de direction se penche activement sur les différents calculs du degré de couverture afin que chaque membre ait une idée des leviers qui agissent. Je suis convaincu que si l’on interrogeait aujourd’hui tous les membres des organes de direction des caisses de pensions à ce sujet, nous obtiendrions des réponses terriblement insuffisantes. Le résultat serait encore plus désastreux chez les politiciens, comme nous pouvons le constater actuellement
dans le dĂ©bat parlementaire sur le très controversĂ© Âarticle 46 OPP2.
Vous ne me croyez pas? Faites le test et posez les questions suivantes:
Le degré de couverture technique diminue-t-il ou augmente-t-il lorsque le taux d’intérêt technique augmente? Et que se passe-t-il alors avec le degré de couverture des risques?
Le degré de couverture économique diminue-t-il ou augmente-t-il lorsque le taux d’intérêt des obligations fédérales à dix ans baisse? Et que se passe-t-il alors avec le degré de couverture technique?
Le degré de couverture des risques diminue-t-il ou augmente-t-il lors de la reprise d’une affiliation qui augmente la part des bénéficiaires de rentes par rapport aux actifs? Et que se passe-t-il alors avec le degré de couverture économique?
Beaucoup se poseront alors la question de savoir si le résultat est positif ou négatif. Et les choses se compliquent encore lorsqu’il s’agit d’estimer l’ampleur relative de la variation.
En résumé: seul celui qui est en mesure de comprendre la dynamique des différents degrés de couverture sera en mesure de comprendre la situation financière et les risques liés aux scénarios de sa propre caisse de pensions, de poser les bonnes questions et de prendre les bonnes décisions.
Degré de couverture: en Celsius ou en Fahrenheit?