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L’augmentation des retraits de capitaux n’augure rien de bon

22.04.2024
Temps de lecture: 4 min

J’écris cette chronique au lendemain de l’acceptation de la 13e rente AVS. L’initiative syndicale a remporté une victoire retentissante. Le mandat de prestations de la Constitution nous engage: la 13e rente AVS est nécessaire et juste du point de vue de la politique sociale, l’étiquette de prix est également correcte pour la majorité des personnes actives.

Je ne peux toutefois pas laisser sans commentaire un débat qui a été lancé à la fin : dans la Handelszeitung, il a été reproché aux partisans d’exagérer le problème de la prévoyance du 2e pilier. Les opposants se sont employés à réfuter un argument clé des pro, selon lequel la 13e rente AVS pourrait compenser dans une certaine mesure les pertes de rentes du 2e pilier. Ils concèdent certes que les conditions pour les nouveaux retraités se sont détériorées ces dernières années en raison des baisses du taux de conversion. Mais dans le même temps, affirment-ils, les retraits en capital ont tellement augmenté que s’il en était tenu compte, cela correspondrait à un maintien des prestations entre 2015 et 2020 et même à une augmentation du niveau des prestations depuis 2020 selon Lukas Müller-Brunner, directeur de l’ASIP, qui est cité dans le communiqué.

Des mots forts à l’adresse des initiateurs de la 13e rente AVS. C’est une nouveauté que les baisses massives du TC soient ainsi relativisées. Jusqu’à présent, les raisons ont toujours été externalisées dans la branche – phase de taux bas et augmentation de l’espérance de vie – mais les baisses de rentes n’ont pas été remises en question en soi. Gabriela Medici, de l’Union syndicale, s’est à juste titre clairement opposée à cette présentation. Selon elle, l’intervention est peu plausible et le recul des rentes n’est pas le seul signe d’une baisse de la performance du 2e pilier. Dans le Tagesanzeiger, l’auteur du baromètre VZ de la retraite a apportéson soutien. Il a estimé que les déclarations de Müller-Brunner n’étaient que de la propagande.

Si l’on va jusqu’au bout de la tendance au retrait du capital, l’idée de collectivité est complètement vidée de sa substance.

Nous savons aujourd’hui que la remise en question de la baisse des rentes n’a pas eu l’effet escompté auprès des électeurs. C’était une tentative inefficace de minimiser les problèmes dans le 2e pilier. Les assurés savent très bien que le taux de conversion est la monnaie forte. Ils ont vu dans leurs certificats de prévoyance que leurs rentes prévisionnelles ont fortement baissé. Bien entendu, et heureusement, il existe des caisses bien gérées par les partenaires sociaux, qui poursuivent un objectif de prestation et ont amorti les baisses. Mais l’argent ne tombe pas non plus du ciel dans les caisses de pensions: «renforcer le processus d’épargne» se traduisait en clair par «augmenter les cotisations». Et lorsque des revenus du capital étaient utilisés, ceux-ci manquaient alors ailleurs. En outre, trop peu d’employeurs étaient prêts à empêcher des baisses de prestations par des apports. Je suis sincèrement surprise que Lukas Müller-Brunner ait déclaré qu’en réalité, la plupart des caisses avaient pu maintenir le niveau des prestations, alors que c’est le contraire qui est vrai !

La réforme de la LPP sera bientôt soumise au vote et le débat sur la performance du 2e pilier va à nouveau s’enflammer. J’en suis convaincue: le «oui» clair et net à la 13e rente AVS a ouvert la voie à un «non» à la réforme de la LPP. La hausse du taux de retrait en capital est un symptôme important des rentes peu attrayantes que génèrent désormais les faibles taux de conversion. Et ce n’est pas un bon signe pour les assurés. De par la loi également, la rente est clairement mise au premier plan en tant que type de prestation (art. 37 al. 1 LPP). Et ce pour de bonnes raisons: le retrait en capital ne permet pas de garantir l’objectif de la prévoyance professionnelle, à savoir le remplacement de la perte de revenu. En revanche, l’industrie financière est intéressée par le nombre croissant de retraités qui placent leur argent à titre privé. Il est clair que des considérations fiscales entrent également en ligne de compte, mais cela concerne surtout les personnes aisées.

Le but de la prévoyance professionnelle est de couvrir les risques de l’existence à l’aide d’un placement collectif de capitaux, que ce soit dans le cadre du processus d’épargne ou à l’âge de la retraite. Si l’on va jusqu’au bout de la tendance au retrait du capital, l’idée de collectivité est complètement vidée de sa substance. Dans la campagne de votation sur la réforme de la LPP, je m’engagerai donc résolument pour que la performance du 2e pilier soit mesurée à l’aune des prestations de retraite.