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Vraiment?

Ou pourquoi l’année de prévoyance n’est jamais complètement nouvelle

29.01.2024
Temps de lecture: 4 min

Il y a quelques années, je venais d’être désignée cheffe d’équipe. Ce n’est pas seulement cette fonction de direction qui était nouvelle, mais également ma relation de travail au sein du groupe d’assurance suisse. L’un de mes collaborateurs, que nous appellerons Oliver, était encore plus nouveau que moi (en termes d’années de vie).

Au début de cette année encore prometteuse, je m’étais retrouvée avec Oliver pour planifier ensemble les mois qui nous attendaient. Lui en tant que responsable de projets transversaux, moi en tant que cheffe avec un titre de fonction percutant. Moi pleine d’idées innovantes et d’énergie, lui secouant la tête avec une certaine désinvolture. Je me souviendrai toujours comment Oliver a résumé pour moi, en une phrase et avec nonchalance, l’année de prévoyance. «Tu vois», me dit-il, «l’année est en fait pratiquement terminée». Notez bien, on n’en est qu’au début du mois de janvier!

«La semaine prochaine», explique-t-il, «tout le monde rentrera des vacances de Noël». Le temps que tout le monde digère les réunions de famille et les repas de fête, ce sera presque déjà le carnaval et donc l’état d’urgence. Sans parler des vacances de février. Ensuite, il faudra terminer les comptes annuels des différentes fondations de prévoyance. Pour finir, les salaires annuels des employeurs affiliés nous parviendront. Augmentations de salaire, bonus, compensation de l’inflation – jusqu’à ce que tout soit saisi, contrôlé, corrigé, traité correctement et annoncé, cela prendra du temps». J’ai eu soudain besoin d’air.

«Vers Pâques», dit Oliver, concentré, «c’est le début de la période des offres. Cela signifie que des offres sont établies pour des nouvelles affiliations potentielles et des prolongements de contrat. On calcule, on discute, on fait des rabais, on joue serré, on formate et on se lamente à tour de bras. Avant l’été», dit-il, «avant l’été, je n’ai donc pas besoin de voir quelqu’un avec un quelconque travail de projet.» D’autant plus qu’en plus des vacances de février, du carnaval et de Pâques, il y a aussi la Pentecôte et toutes sortes de jours fériés et de ponts.

Oliver ajoute en levant les yeux au ciel qu’à cette période, on est normalement occupé à limiter les dommages pour la session de printemps. Car depuis des années – et je dois lui donner raison –, il n’y a quasiment pas eu une session n’ayant pas abordé le thème de la prévoyance vieillesse sous une forme ou une autre. Certes, on a souvent été bien loin d’un débat ciblé et de solutions durables, mais on ne craignait alors ni la polémique ni le spectacle médiatique. Comme m’a expliqué Oliver, la direction voulait souvent une prise de position ou des analyses spécifiques à l’entreprise. Au cas où des journalistes ou des partenaires de golf poseraient des questions. «Et c'est déjà le début de l’été», conclut Oliver sans s’émouvoir.

«Au début de l’été», poursuit-il, «la direction est nerveuse chaque année dès qu’elle reçoit du service du personnel les soldes de vacances et d’heures supplémentaires. Après la haute saison de la prévoyance, une élimination des soldes est ordonnée. Cela signifie que jusqu’à l’automne, une partie des effectifs est en fait toujours absente, et le reste est couvert par des remplaçants.» Oliver explique qu’il n’a pas besoin de planifier des projets transversaux car il ne parvient jamais à réunir tout le monde autour d’une table et encore moins à obtenir des résultats.

«En automne», confesse-t-il, «il y a tout au plus une fenêtre de temps pour l’un ou l’autre projet. Par ailleurs, il faut aussi préparer les départs et les adhésions de nouveaux employeurs». La plupart du temps, les fournisseurs de logiciels se présentent en automne avec des mises à jour et des versions complètes qui nécessitent des tests et des formations en interne. En vue de la fin de l’année, il faudrait par ailleurs procéder à des actualisations dans les règlements des fondations de prévoyance, mais cela est très fastidieux en termes d’assurance, de droit, de système et de communication. Et bien sûr, les paramètres de la prévoyance tels que les taux d’intérêt, le taux d’intérêt technique, le taux de conversion, le renchérissement des rentes, etc. devraient être évalués, et il faudrait soumettre une recommandation fondée aux membres du conseil de fondation des différentes fondations de prévoyance. «Par ailleurs», résume Oliver, «c’est presque à nouveau la fin de l’année avec les vacances de Noël, et les préparatifs pour les comptes annuels sont déjà en cours...»

J’ai eu vraiment besoin d’air frais. «Qui bien commence bien avance»! D’après les explications d’Oliver, le titre «sitôt gagné sitôt perdu» aurait été plus approprié. Tant pour l’année de prévoyance que pour mon entrée en fonction: mon élan est retombé tel un soufflé fraîchement sorti du four.

Bien entendu, nous avons finalement pu placer l’un ou l’autre projet au cours de l’année. Néanmoins, le souvenir de la description apocalyptique de l’année de prévoyance par Oliver me revient toujours à l’esprit en janvier. Parce qu’elle se vérifie toujours à chaque année de prévoyance.