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ALM: tôt ou tard?

Récemment, j’ai été confronté à plusieurs reprises, au sein de comités de placement, à la question de la fréquence à laquelle une étude de gestion actif-passif (ALM) ou une stratégie d’investissement doit être renouvelée. De plus, certains ont critiqué le fait que le renouvellement constant des études ALM allait à l’encontre de l’idée de long terme.

27.10.2025
Temps de lecture: 4 min

La loi stipule que l’organe suprême a pour mission intransmissible et inaliénable de vérifier périodiquement la cohérence à moyen et long terme entre le placement des actifs et les engagements. Mais quelle est la fréquence de ces vérifications périodiques? La plupart des caisses de pensions que je connais réalisent une étude ALM tous les trois à cinq ans. Est-ce judicieux?

À mon avis, ce n’est pas la périodicité qui importe, mais les changements dans les facteurs d’influence qui déterminent si une étude ALM doit être renouvelée ou non. Si l’effectif des assurés ou les prestations prévues évoluent de manière significativement différente de ce qui avait été supposé dans la dernière étude ALM, la validité de l’étude doit être remise en question. Si l’instance suprême ne déclenche pas elle-même la révision, l’experte en caisses de pensions abordera certainement le sujet dans son prochain rapport. Deux indicateurs importants pour elle sont le rendement attendu de la stratégie d’investissement et le rendement cible découlant des engagements. Si le rendement attendu n’est pas suffisamment supérieur au rendement théorique, cela constitue un signal clair en faveur d’une nouvelle étude ALM. La détermination de la nécessité d’une étude ALM relève du système de contrôle interne (SCI).

Pourquoi ne pas vérifier chaque année si et comment les facteurs d’influence essentiels ont changé depuis la dernière étude ALM et si un renouvellement de l’étude est donc indiqué? Ceux qui le font de manière systématique peuvent même, si les bases sont stables, se permettre d’attendre plus de cinq ans avant la prochaine étude ALM.

Si la modification de la base de donnĂ©es peut ĂŞtre dĂ©terminĂ©e assez clairement du cĂ´tĂ© des engagements d’une caisse de pensions, cela n’est pas aussi simple du cĂ´tĂ© des placements. Il s’agit en effet de formuler des hypothèses de rendement/ risque Ă  long terme pour diffĂ©rentes classes d’actifs et leur corrĂ©lation entre elles. Ces chiffres sont gĂ©nĂ©ralement fournis par le conseiller ALM. Selon le conseiller, une mĂŞme stratĂ©gie de placement peut donner lieu Ă  des prĂ©visions très diffĂ©rentes. La dĂ©termination des prĂ©visions de rendement/risque Ă  long terme et des corrĂ©lations pour les catĂ©gories de placement n’est pas une science exacte. La courbe actuelle des taux d’intĂ©rĂŞt en francs suisses sert gĂ©nĂ©ralement de base. Des primes de risque Ă  long terme sont ensuite ajoutĂ©es pour les diffĂ©rents placements. Pour le risque de fluctuation, on se base sur des chiffres Ă  long terme tirĂ©s du passĂ©. D’autres conseillers travaillent avec des modèles peu transparents qui tentent de prendre en compte les prĂ©visions  Ă©conomiques, voire la situation gĂ©opolitique. Il n’est pas rare que les conseillers invitent leurs clients Ă  fournir leurs propres estimations.

On peut alors se demander qui conseille qui. Il est avantageux de maintenir la méthode de prévision aussi stable que possible du côté des placements. Après tout, il s’agit d’hypothèses à long terme. Ainsi, le résultat de l’étude ALM, à savoir la stratégie de placement, ne changera guère de manière radicale. Les études ALM régulières et le caractère à long terme des placements ne doivent donc pas nécessairement être en contradiction.

Pourquoi ne pas déterminer chaque année si et comment les principaux facteurs d’influence ont changé depuis la dernière étude ALM et s’il est donc nécessaire de renouveler l’étude?

Une autre inconnue importante dans le processus ALM est la propension au risque des décideurs. Ceux-ci disposent souvent d’une marge de manœuvre considérable en ce qui concerne les risques qu’ils sont prêts à tolérer. Il se peut donc que, selon la composition d’un conseil de fondation, le processus ALM aboutisse à une stratégie de placement plus agressive ou plus conservatrice. Afin de trouver un dénominateur commun au sein du comité en matière d’appétit pour le risque, il est utile de discuter concrètement des mesures d’assainissement maximales raisonnables en cas de découvert et d’envisager des scénarios de crise sur les marchés des capitaux et leurs effets sur les actifs immobilisés.

Enfin, il convient de mentionner le phénomène des placements illiquides, en particulier l’immobilier suisse: comme ils ne sont évalués que trimestriellement, voire annuellement, leur risque est très faible par rapport à la fluctuation de valeur, tout en offrant des rendements attractifs. C’est pourquoi les comités sont tentés de maximiser l’allocation dans ces segments de placement. Il convient toutefois de tenir compte de la viabilité de l’illiquidité, de la complexité de la mise en oeuvre et du rendement après déduction des coûts souvent élevés.