Non à la réforme de la LPP
Les électeurs ont rejeté le projet de réforme du 2e pilier avec environ 67.1 % de non. Tout reste donc pour l'instant en l'état.
Continuez à lireFin novembre, le Conseil fĂ©dĂ©ral a dĂ©fini les lignes directrices de la rĂ©forme AVS 2030. Au lieu de relever l’âge de rĂ©fĂ©rence, il prĂ©voit d’encourager le Âprolongement de la vie active. Des Âmesures complĂ©mentaires sont Ă©galement prĂ©vues dans les 2e et 3e piliers, comme le relèvement de l’âge minimum pour bĂ©nĂ©ficier des prestations de vieillesse.
Le dĂ©bat sur deux motions examinĂ©es le premier jour de la session d’hiver en cours au Conseil national a donnĂ© un avant-goĂ»t des arguments qui pourraient ĂŞtre avancĂ©s contre les propositions du Conseil fĂ©dĂ©ral.Â
La motion 25.3423 vise à augmenter le montant exonéré après l’âge ordinaire de la retraite de 16800 francs actuellement à 21800 francs par an. La motion 25.3424 veut rendre plus attrayante la poursuite volontaire de l’activité professionnelle après l’âge ordinaire de la retraite dans l’AVS.
Les deux motions ont été déposées le 4 avril 2025 par la Commission sociale du Conseil des États, adoptées par le Conseil des États lors de la session d’été et désormais également par le Conseil national lors de la session d’hiver.
L’attractivitĂ© de la poursuite de l’activitĂ© professionnelle doit ĂŞtre renforcĂ©e par deux Ă©lĂ©ments: des supplĂ©ments plus Ă©levĂ©s en cas d’ajournement de la retraite et le maintien ou l’augmentation du taux de rĂ©duction actuel de 6.8% par an en cas de retraite anticipĂ©e.Â
Un taux de rĂ©duction plus Ă©levĂ© Ă©quivaut Ă des conditions moins favorables en cas de retraite anticipĂ©e. Cela est dĂ©licat sur le plan dĂ©mocratique, car la rĂ©forme AVS 21 avait promis aux Ă©lecteurs une baisse de ces taux.Â
Marti: contre l’utilisation d’un prétexte
Le PS déplore que les taux de réduction ne soient plus fixés à l’avenir sur une base actuarielle, mais politique. «Le groupe socialiste s’oppose à l’introduction de telles augmentations de l’âge de la retraite par la petite porte», a déclaré Samira Marti, conseillère nationale socialiste de Bâle-Campagne. Sous le prétexte d’incitations à l’emploi, ce sont surtout les personnes qui travaillent déjà plus longtemps et disposent de revenus élevés qui seraient favorisées.
On est frappĂ© par la formulation «sous le prĂ©texte d’incitations Ă l’emploi». Les deux motions ont pour objectif de lutter contre la pĂ©nurie de main-d’œuvre. Permettez-moi cette remarque hĂ©rĂ©tique: dès 2011, l’ancien conseiller fĂ©dĂ©ral PLR Johann Schneider-Ammann avait lancĂ© l’initiative sur la main-d’œuvre qualifiĂ©e. D’ici Ă ce que les motions et la rĂ©forme AVS2030 soient mises en Ĺ“uvre, près de 20 ans se seront Ă©coulĂ©s. Il ne reste plus qu’à espĂ©rer que l’IA ne nous oblige pas Ă crĂ©er d’ici lĂ des incitations tout Ă fait diffĂ©rentes.Â
BĂĽrgin: pour un plafond LPP
Comme indiquĂ© dans l’édition d’octobre, la conseillère nationale du centre Yvonne BĂĽrgin souhaite rĂ©duire le salaire LPP maximal assurable avec la motion 25.4253. Avant mĂŞme que le Conseil fĂ©dĂ©ral ne se prononce Ă ce sujet, la Commission de la sĂ©curitĂ© sociale et de la santĂ© publique du Conseil des États (CSSS-E) a abordĂ© la question lors de sa sĂ©ance du 20 octobre 2025 et a dĂ©posĂ© le postulat 25.4398. Le Conseil fĂ©dĂ©ral doit prĂ©senter dans un rapport les consĂ©quences d’une telle limitation.Â
Un rapport ne devrait toutefois pas être nécessaire: le Conseil fédéral a entre-temps recommandé l’adoption de la motion Bürgin. Il estime qu’un plafond plus bas pour le salaire assurable renforcerait «l’équité du système des assurances sociales».
Dans sa prise de position du 19 novembre 2025, le Conseil fédéral renvoie en outre au paquet d’allègements fiscaux 27, qui prévoit une augmentation de l’impôt sur les retraits en capital des 2e et 3e piliers. Cela réduirait les avantages fiscaux des retraits en capital importants par rapport aux rentes. Il n’est toutefois pas certain que cette augmentation d’impôt recueille la majorité au Parlement.
Sauter: la flexibilité plutôt que la rigidité
Reste Ă voir ce qu’il faut entende par «équitĂ© du système». Les règles dĂ©finissant l’ordre des bĂ©nĂ©ficiaires ancrent les injustices dans le système. Regine Sauter en voit un exemple dans la manière dont est rĂ©glĂ©e la succession pour les comptes de libre passage. L’ordre lĂ©gal rigide conduit Ă des inĂ©galitĂ©s choquantes en cas de dĂ©cès avant l’âge de la retraite. Un enfant unique en formation pourrait recevoir la totalitĂ© du capital de libre passage, tandis que ses frères et sĹ“urs plus âgĂ©s se retrouveraient les mains vides, selon la politicienne du PLR.Â
Avec la motion 25.4289, Mme Sauter demande donc une adaptation de l’ordonnance sur le libre passage (OLP) afin que les survivants bĂ©nĂ©ficiaires soient traitĂ©s de la mĂŞme manière que dans une caisse de pensions en cas de dĂ©cès du titulaire du compte.Â
Dans son avis du 19 novembre 2025, le Conseil fédéral confirme le problème: aujourd’hui, un enfant de 24 ans en formation reçoit la totalité du capital, tandis que sa sœur de 22 ans, qui travaille déjà , n’obtient rien. Le législateur part du principe que l’activité lucrative est synonyme d’indépendance économique.
Le Conseil fĂ©dĂ©ral souligne en outre que toute modification fixe de l’ordre crĂ©e inĂ©vitablement de nouvelles inĂ©galitĂ©s. Mme Sauter ne demande toutefois pas expressĂ©ment une solution rigide, mais la mĂŞme flexibilitĂ© que dans la LPP.Â
Rechsteiner: les autres enfants
La motion 25.3368 de Thomas Rechsteiner va dans le mĂŞme sens. La revue PrĂ©voyance Professionnelle Suisse en a fait Ă©tat dans son Ă©dition de juillet. Le conseiller national appenzellois du centre souhaite supprimer la distinction entre les enfants ayant droit Ă une rente obligatoire et les autres enfants dans le cadre de la prĂ©voyance professionnelle surobligatoire.Â
Son exemple montre l’absurditĂ© des rĂ©glementations actuelles: le plus jeune enfant est âgĂ© de 17 ans et 11 mois. Au dĂ©cès du parent assurĂ©, il perçoit une rente d’orphelin pendant un mois. L’enfant aĂ®nĂ© est âgĂ© de 20 ans et exerce une activitĂ© professionnelle. Il perçoit le capital dĂ©cès bien plus Ă©levĂ©.Â
En d’autres termes, l’enfant qui travaille est mieux loti que l’adolescent de 17 ans. Ce qui est tout sauf cohĂ©rent.Â
Mettler: postulat oublié
Nous voulions Ă©galement aborder dans ce contexte la rĂ©forme structurelle, plus prĂ©cisĂ©ment le postulat 21.3877 de l’ancienne conseillère nationale du PVL Melanie Mettler. Cette Bernoise, qui fait dĂ©sormais partie de l’exĂ©cutif municipal de Berne, souhaitait que la rĂ©forme structurelle de la LPP, entrĂ©e en vigueur en 2011, soit Ă©valuĂ©e par un expert indĂ©pendant. Elle a dĂ©posĂ© son postulat il y a quatre ans et demi, plus prĂ©cisĂ©ment le 17 juin 2021. Bien que le Conseil fĂ©dĂ©ral ait recommandĂ© son adoption Ă l’époque, le postulat lui donne beaucoup de fil Ă retordre aujourd’hui.Â
Le 1er mars 2024, un rapport sur les motions et les postulats indiquait que les travaux de recherche Ă©taient en cours et qu’ils allaient servir de base au rapport du Conseil fĂ©dĂ©ral prĂ©vu pour le second semestre 2024.Â
Comme on le sait, cela n’a pas abouti: le 24 avril 2025, l’OFAS a déclaré à la Prévoyance Professionnelle Suisse que le rapport était «en cours d’élaboration» et qu’il serait «probablement publié vers la fin de l’année». Ce ne sera toujours pas le cas: aux dernières nouvelles, le rapport sur le postulat devrait «probablement» être adopté au printemps 2026.
Les électeurs ont rejeté le projet de réforme du 2e pilier avec environ 67.1 % de non. Tout reste donc pour l'instant en l'état.
Continuez à lireLes principales interventions parlementaires, résumées par Michael Lauener, ASIP
Continuez à lireL’article 46 OPP 2 est controversé. Le Conseil des États souhaite désormais y apporter des modifications, sans toutefois résoudre le problème principal. Selon le Conseil fédéral, l’objectif principal de la réglementation sur les bénéficiaires est de compenser la perte de soutien. Cela peut parfois entraîner des injustices. Le conseiller national du Centre Thomas Rechsteiner veut y remédier.
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