Hard rock avec AC/DC, TSMC et ASML

Son nom, composé des quatre lettres AC/DC, signifie courant alternatif et courant continu. Celui des deux autres institutions est également composé de quatre lettres et a une consonance similaire, mais ASML et TSMC donnent le ton dans un tout autre domaine. Les responsables de caisses de pensions, les personnes qui suivent l’évolution technologique et les événements géopolitiques feraient bien de s’intéresser à ASML et TSMC et d’observer de près tout ce qui concerne ces deux entreprises.

Votre caisse de pensions investit-elle dans des actions des marchés émergents? Avec une part de 10%, les actions de TSMC constituent de loin la position individuelle la plus importante dans cette catégorie de placement. Il est donc quasiment certain que votre caisse de pensions détient une participation dans TSMC. Il s’agit de la Taiwan Semiconductor Manufacturing Company Limited, de loin le plus important fabricant de puces informatiques haut de gamme au monde. Aucun smartphone, aucun drone, si important pour la guerre moderne, aucun chipset indispensable à l’intelligence artificielle ne peut se passer des produits de TSMC.

La crainte de l’Occident de voir la Chine annexer Taiwan s’explique en grande partie par le fait que TSMC est implanté à Taiwan et occupe une position de quasi-monopole sur le marché mondial des puces haut de gamme. L’ancien leader de la fabrication de puces, Intel (USA), fait de gros efforts, mais est encore loin de pouvoir combler le grand retard technologique qui s’est produit. Ironie du sort: Intel est actuellement tributaire de la sous-traitance de micro-puces par TSMC pour pouvoir fabriquer ses propres produits.

Cela nous amène à ASML: la société néerlandaise ASML Holding N.V. est plus grande que Nestlé ou Roche en termes de capitalisation boursière. Elle est le numéro quatre en Europe. Il ne devrait donc guère y avoir de caisse de pensions suisse qui ne soit pas aussi investie directement ou indirectement dans les actions d’ASML.

ASML Holding N.V. fabrique des presses à imprimer composées de plus de 100000 pièces et coûtant entre 300 et 400 millions de francs suisses par unité. Ces machines permettent d’imprimer les feuilles de route pour les puces haute performance au moyen de la lithographie extrême ultraviolet (EUV). Grâce à cette technologie, les puces sont de plus en plus performantes et de plus en plus petites. Ni TSMC, ni Intel, ni Samsung ne peuvent se passer des machines fabriquées par ASML, qui occupe donc également une position de monopole mondial dans son segment. Cela fait d’ASML, tout comme de TSMC, un enjeu géopolitique. Ainsi, le gouvernement américain interdit à ASML de livrer ses machines les plus modernes en Chine ou même d’assurer sur place la maintenance d’anciens modèles déjà livrés en Chine.

Dans un contexte de progrès fulgurant, d’intelligence artificielle et donc de besoin en micro-puces de haute performance, il est intéressant d’investir dans les actions de TSMC et d’ASML, d’autant plus que ces deux entreprises sont en situation de monopole mondial sur une partie de leurs produits.

Avec cet article, je prolonge mes réflexions sur les Magnificent Seven, publiées dans mon commentaire du numéro d’octobre dernier. Comme TSMC et ASML, ces entreprises performantes dominent de plus en plus les portefeuilles d’actions mondiaux et donc les actifs de placement des caisses de pensions suisses. Ce qui soulève la question d’une diversification suffisante dans les actifs de placement (l’édition d’août de Prévoyance Professionnelle Suisse abordera cette thématique).

Revenons à AC/DC et leur tube « Hells Bells», dont la traduction donne à peu près ceci : « Si tu aimes le mal, tu es mon copain. Car si le bien est de gauche, je resterai du côté droit. Je ne ferai pas de prisonniers, je n’épargnerai aucune vie». Espérons que l’humanité parviendra à devenir plus pacifique, à utiliser de manière positive les produits exceptionnels de TSMC et d’ASML et à ne pas laisser de telles prophéties criées à haute voix se matérialiser