La pression croissante des assurés et du public a encore accéléré ce processus. Ce qui unit toutes les caisses de pensions, c’est la nécessité de rendre compte de l’ESG.
Peu importe qu’une motivation intrinsèque ou extrinsèque soit à l’origine de l’introduction de normes ESG, il ne suffit pas de «simplement» mettre en œuvre les normes ESG. Les assurés et le public ont droit à une communication régulière et cohérente sur des indicateurs ESG qui peuvent être comparés entre les caisses de pensions. Selon la devise: faire le bien et en parler.
L’Association suisse des institutions de prĂ©voyance (ASIP) s’est donc fĂ©licitĂ©e d’avoir dĂ©fini une norme de reporting ESG. L’objectif doit ĂŞtre de disposer d’un ensemble de règles uniformes afin de pouvoir juger si la(ma) caisse de pensions a fait ses devoirs en matière de durabilitĂ© dans le placement de sa fortune ou non. A dĂ©faut, l’ESG risquerait de devenir de la poudre aux yeux et il faudrait surtout ÂdĂ©masquer le greenwashing. Il faut pouvoir se fier au reporting ESG.
De la théorie à la pratique
Comme pour tout reporting, il ne s’agit pas seulement de pouvoir comparer les résultats entre pairs, mais aussi de pouvoir les comparer d’une année à l’autre. Cela signifie que le chemin menant à l’objectif doit également être mis en évidence; par exemple les mesures et les étapes pour atteindre l’objectif zéro net, c’est-à -dire la neutralité climatique pour les placements de fortune.
Selon la dernière étude Swisscanto sur les caisses de pensions, seulement 14% des petites caisses de pensions et 50% des plus grandes procèdent à un relevé des indicateurs ESG. C’est regrettable, car seule la transparence permet de gagner en crédibilité pour une mise en œuvre contraignante de sa propre stratégie de développement durable. Le Conseil fédéral l’a également souligné dans son rapport sur la durabilité dans le secteur financier «Finance durable en Suisse» en décembre 2022, dans lequel il a défini 15 mesures évaluables à mettre en œuvre d’ici 2025.
La norme de reporting Ă©laborĂ©e par l’ASIP en collaboration avec des partenaires recommande Ă toutes les caisses de pensions de fournir des informations sur les chiffres de durabilitĂ© de leur portefeuille Ă partir de l’exercice 2023. Le set d’indicateurs ESG est structurĂ© schĂ©matiquement en fonction des mesures et des Âindicateurs, eux-mĂŞmes subdivisĂ©s en «base» et «avancĂ©s».
Le secteur des caisses de pensions dispose ainsi pour la première fois d’un outil lui permettant d’établir des rapports uniformes sur les ESG. Dans son communiqué de décembre 2022, l’ASIP précise que la décision concernant «la mise en œuvre et l’étendue du reporting» incombe à «l’organe suprême de la CP, qui assume la responsabilité de la gestion de la fortune». Il s’agit donc de passer de la théorie (normes de reporting) à la pratique (rapports de durabilité).
Le secret ouvert du succès
La caisse de pension de la ville de Winterthur (PKSW) a décidé de ne pas attendre l’exercice 2023 et a déjà publié pour l’année 2022 le premier rapport de durabilité selon la nouvelle norme ASIP. Lors de la mise en œuvre, il s’est avéré qu’un rapport sur les indicateurs de base pouvait être réalisé dès aujourd’hui avec un effort raisonnable. Presque tous les chiffres clés nécessaires peuvent être obtenus de manière standard auprès des gérants de fortune ou du Global Custodian au moyen d’un questionnaire. Dans le premier rapport climatique de la PKSW, il a déjà été possible d’inclure 81% de tous les placements de fortune, y compris les thèmes de l’exercice des droits de vote, de l’engagement et des exclusions.
Même si la plupart des caisses de pensions n’en sont qu’à leurs débuts, je suis convaincu que nous nous rapprochons petit à petit de l’objectif d’un reporting ESG comparable et cohérent au fil des années. Notre expérience a montré que le secret pour avancer est de commencer.
Faire le bien et en parler