C’est la saison des cigales, l’heure par excellence pour prendre le temps… de ralentir et jouir simplement de vivre dans un pays en paix, où l’on mange à sa faim, et où les catastrophes climatiques ont certes des conséquences matérielles élevées, mais heureusement rarement mortelles.
Sous quel angle pourrais-je bien vous parler cette fois-ci de prévoyance professionnelle ?
On ne souligne jamais assez que la loi sur la prévoyance professionnelle (LPP) donne un cadre et, par ailleurs, fixe une prestation minimale garantie. Dans ce cadre (large), l’organe dirigeant a donc la mission de définir une stratégie adaptée aux spécificités de ses parties prenantes et dans l’intérêt de ses assurés. Il s’agit toujours de connaître et gérer des risques (qui ne doivent pas être ni forcément éliminés ou réduits !).
Alors par stratégie, on comprend qu’il ne s’agit pas seulement et uniquement de la stratégie de placement.
De façon très caricaturale, la caisse de pensions est une boîte dans laquelle de l’argent entre et sort ; la mission idéalisée de l’organe dirigeant (qu’il soit nommé conseil de fondation ou d’administration) est d’optimiser les sources de financement ainsi que les prestations promises et versées, de manière pérenne et équilibrée.
Parmi les ressources financières, l’on compte les cotisations règlementaires des assurés et de(s) employeur(s), les rachats et contributions bénévoles, ainsi que les rendements des placements. Du côté des prestations octroyées, se distinguent l’intérêt annuel crédité, la moyenne des intérêts crédités, les taux de conversion appliqués, le niveau de protection en cas d’invalidité et de décès pour un cercle de bénéficiaires déterminé et, ne l’oublions pas, les critères de distribution lorsque des fonds libres sont produits.
Parmi tous ces éléments qui vont contribuer à donner un profil stratégique au plan de prévoyance, certains sont déterminés par l’employeur et s’imposent de ce fait au conseil de fondation. Il s’agit des contributions règlementaires et - à fortiori – aux possibles contributions bénévoles.
En revanche, d’autres éléments, et non des moindres, seront déterminés par le conseil de fondation en sa qualité d’organe dirigeant. Ainsi, concernant les ressources, le choix de l’allocation stratégie des placements relève de sa responsabilité. Evidemment, les membres de ce conseil choisiront de s’adjoindre l’expertise d’un ou plusieurs conseillers spécialistes en la matière. Mais dans le fond, le bon sens que l’on invoque toujours pour désigner la sagesse du conseil, doit arbitrer entre :
Investir en prenant un risque de volatilité, à court terme, pour espérer obtenir un meilleur rendement sur le long terme, ou réduire la volatilité, à court terme, en acceptant un rendement à priori moins attrayant sur le long terme.
Sachant bien entendu qu’un meilleur rendement permettra d’offrir de meilleures prestations, sur le long terme ; toutefois, un rendement décevant sur le court terme obligera le conseil à prendre des mesures d’assainissement (dont la moins visible consiste aujourd’hui à créditer un intérêt annuel en dessous de l’objectif visé à long terme).
La stratégie du conseil s’appliquera à mettre en place le cadre adéquat, néanmoins flexible, permettant une affectation du financement global obtenu, dans le respect des intérêts bien identifiés des parties prenantes. Parmi lesquels se trouvent bien entendu les assurés actifs et les rentiers, mais aussi l’employeur(s) et, ne l’oublions pas, la collectivité qui admet une forme de solidarité nationale, sévèrement contrôlée par le Fonds de garantie.
Sommes-nous capables de dépasser les comparaisons simples, pour ne pas dire simplistes, qui consiste à juger la qualité d’une caisse de pension à l’intérêt crédité annuel ou au taux de conversion, pour ne prendre que ces deux éléments les plus fréquemment cités ?
Pour garantir la bonne gouvernance des caisses de pension, désormais les Conseils se doivent de développer une stratégie tenant compte de tous les éléments déterminants, n’occultant pas l’évolution (le passé) et se projetant vers le futur de manière équitable et équilibrée.
C’est au prix de cet effort, doublé d’une communication efficace, transparente et continue, que le 2ème pilier regagnera la confiance de la population. Bel été à toutes et tous !
Quelle est la stratégie de votre caisse de pensions ?