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Les modèles de retraite flexibles ne sont pas la solution

La hausse des retraits en capital tient le secteur en haleine. Les acteurs concernés ne s'accordent pas tous sur les causes de ce phénomène ni sur les mesures à prendre. Pour le réseau PK-Netz, une chose est sûre : la hausse des retraits en capital n'augure rien de bon.

19.08.2025
Temps de lecture: 4 min

Selon la loi (art. 37, al. 1 LPP), la rente est le type de prestation privilégié, et ce pour une bonne raison : le versement en capital ne permet pas de garantir l'objectif de prévoyance, à savoir le remplacement du revenu lors de la sortie de la vie active.

Comment réagir face à l'augmentation des versements en capital ? Il faudrait supprimer l'avantage fiscal lié au à de tels versements. Cette incitation inappropriée n'est souhaitable ni sur le plan économique ni sur le plan social. Et même si Swisscanto conteste dans son étude sur les caisses de pensions de cette année que le taux de conversion soit un facteur déterminant pour les versements en capital, la perte de confiance dans le 2e pilier y liée est évidente. L'explication prosaïque selon laquelle l'augmentation de l'espérance de vie entraîne une baisse des rentes annuelles ne convainc pas les assurés lorsque leurs rentes sont nettement inférieures aux calculs antérieurs. La frustration est compréhensible. Il est donc peut-être logique d'envisager un versement en capital, même si un versement intégral n'a guère de sens, surtout avec un taux de conversion de 5 %. Une meilleure information est nécessaire dans ce domaine. Les caisses de pensions ont le devoir de mieux communiquer la « valeur » de leurs rentes tout en soulignant les risques liés au versement en capital. Chaque assuré qui opte pour le versement en capital en raison d'un conseil erroné ou d'une mauvaise évaluation des risques est un assuré de trop.

Venons-en aux modèles de retraite flexibles. Ils ne sont pas nouveaux, mais l'introduction de différents modèles par la BVK en 2023 a fait l'effet d'une bombe. Le réseau PK-Netz a rapidement reconnu le risque que de tels modèles puissent être considérés comme un remède à l'augmentation des retraits de capital, ce qui mettrait d'autres caisses sous pression pour leur emboîter le pas. Pourquoi est-ce problématique ? Les modèles de retraite flexibles sapent les principes fondamentaux du 2e pilier :

Le principe selon lequel deux vies (plus les enfants) sont assurées est remis en cause par les options offertes en matière de montant des prestations. Celles-ci suggèrent qu'il est possible de profiter individuellement au maximum ou de perdre quelque chose en cas de mauvais choix, ce qui est contraire à la couverture collective des risques. Dans la prévoyance professionnelle, la solidarité entre les personnes seules, les personnes mariées, les assurés vivant en partenariat et les assurés sans enfants ou avec (beaucoup) d'enfants est ancrée. Comme deux vies sont assurées, les prestations futures peuvent seulement être réduites mais non supprimées, même pour les personnes seules, ce qui peut susciter l'incompréhension. Il convient plutôt de mettre l'accent sur le principe de collectivité. Ou bien les assurés vivant en partenariat doivent-ils vraiment percevoir des rentes de vieillesse moins élevées que les personnes seules parce que leur décès peut déclencher – mais ce n’est jamais certain - un droit à une rente de survivant? Les personnes seules peuvent également atteindre un âge très avancé et donc percevoir une rente de vieillesse plus longtemps qu'un couple.

Toute option peut conduire à une antisélection, qui n'a pas sa place dans la prévoyance professionnelle.

Les modèles de restitution violent le principe de la couverture collective de la longévité, car la caisse renonce ainsi aux gains de mutation des assurés qui décèdent peu après leur départ à la retraite. Cela peut sembler macabre, mais c'est une question d'actuariat. En outre, les modèles de restitution alimentent l'idée répandue selon laquelle le capital épargné est une propriété personnelle et doit pouvoir être légué. Le principe de l'assurance collective pour la longévité lie l'argent de tous afin qu'il y en ait suffisamment pour les rares personnes qui atteignent un âge très avancé. Une couverture individuelle contre ce risque serait beaucoup plus coûteuse. De plus, les modèles de restitution exploitent la peur de mourir avant 75 ans, ce qui est statistiquement rare.

Il existe d'innombrables modèles de retraite flexibles, et même en matière de restitution, les possibilités sont multiples. Le réseau PK-Netz voit d'un œil particulièrement critique les modèles avec options. En effet, toute option peut conduire à une antisélection, qui n'a pas sa place dans la prévoyance professionnelle.

Aujourd'hui déjà, les assurés peuvent anticiper ou reporter leur départ à la retraite. Ils peuvent prendre une retraite progressive et percevoir une partie de leur épargne-vieillesse sous forme de capital. De nombreuses caisses proposent également le versement intégral du capital. Les intérêts des assurés sont ainsi suffisamment pris en compte. D'autres assouplissements sont inutiles et ne font que compliquer davantage la prévoyance.

Un commentaire de Stephan Keller paraîtra dans l'édition de septembre 2025.