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«Notre système de prévoyance fonctionne bien, mais se dégrade»

Lors de la 9e édition de Trait d’Union, manifestation organisée par Patrimonia, Nicolas Marmagne, directeur général et associé XO Investments, est revenu sur les défis actuels et les solutions possibles pour la LPP.

12.11.2024
Temps de lecture: 3 min

«Notre système de prévoyance fonctionne bien, mais se dégrade.» C’est le constat qu’a fait Nicolas Marmagne, directeur général et associé XO Investments, lors de la 9e édition de Trait d’Union, manifestation organisée par Patrimonia. Même si comparaison n’est pas raison, le spécialiste a commencé par s’intéresser aux autres pays. Il a notamment évoqué les Etats-Unis (où sont concentrés près de 35 000 milliards des 55 000 milliards de dollars des actifs mondiaux des caisses de pension), le Japon, qui affiche l’un des systèmes les plus matures, ou encore la Hollande, dont 160% du produit intérieur brut (PIB) est issu de la prévoyance. «Les différences sont très importantes d’un pays à l’autre, mais on remarque que le système de primauté des cotisations prend de plus en plus de place, comme en Australie, où il est presque exclusif», constate-t-il.

Du 5e au 12e rang

Qu’en est-il de la Suisse? «Si le débat politique s’est surtout cristallisé sur l’adaptation du taux de conversion, il ne faut pas oublier les vertus de notre système de prévoyance, puisqu’il figure tout de même au 12e rang mondial de l’indice Mercer, répond Nicolas Marmagne. Ce dernier prend en compte, entre autres, les taux d’intérêt des systèmes d’épargne, la longévité et la démographie du pays, ainsi que le système de gouvernance et son indépendance.» Petit bémol toutefois: la Suisse figurait au 5e rang en 2014. «La situation se péjore en raison de l’absence de réforme, poursuit-il. Si rien ne bouge, on risque de se retrouver, d’ici 5 à 10 ans, avec un système complètement décalé. Ma grande inquiétude est de voir certains partis tenter de révolutionner le 2e pilier au profit du 1er.» Notre système de prévoyance (qui compte 4.5 millions d’assurés actifs et près de 1.2 millions de bénéficiaires de rentes) jouit cependant d’un poids considérable et toujours plus important en raison du bon fonctionnement de l’activité économique suisse et des 90 000 personnes qui entrent dans notre pays pour y travailler. Elles gèrent en moyenne 800 millions de francs, contre 130 millions en 2000, ce qui conduit à une autre approche des placements. On peut aussi souligner une concentration des caisses, passées de 3500 en 2000 à 1300 actuellement, tendance qui devrait encore se poursuivre.»

De nombreux défis

Cela dit, la LPP est confrontée à de nombreux défis... «On a vu l’espérance de rendement s’affaisser. Comme celle des obligations suisses atteint aujourd’hui 0.8 %, c’est l’ensemble des gains et placements qui doivent être repensés. Le deuxième défi majeur tient à l’espérance de vie croissante qui, depuis plus de 25 ans, progresse pour atteindre aujourd’hui 21 ans à l’âge de 65 ans. «Cette pression démographique est présente dans le monde entier et pourrait encore s’accroître dans les pays occidentaux d’ici quelques dizaines d’années», précise Nicolas Marmagne. Ces deux paramètres sont toutefois contrôlables par les fondations de prévoyance, qui peuvent notamment intégrer des cotisations supplémentaires ou baisser le taux de conversion pour répondre à l’allongement de la durée de vie. «En revanche, le système de prévoyance est incapable de maîtriser les faits de société, à savoir la manière de travailler (37% des Helvètes ont un temps partiel inférieur à 90%) et le fait que 48% des personnes actives en Suisse ne sont pas soumises à la LPP.  

A tout problème ses solutions. Nicolas Marmagne en Ă©bauche plusieurs, comme l’investissement dans d’autres classes d’actifs (immobilier, actions, actifs liquides (private equity, dette privĂ©e, infrastructure…) et dans le tissu local, afin de financer des entreprises suisses. «Je suis convaincu que le système saura s’adapter», conclut le spĂ©cialiste. On veut le croire. Â